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LE NID - Un film à voir absolument !

mardi 9 novembre 2010, par ppmenegoz

Au cours des 12e Rencontres du Cinéma de Montagne eut lieu la première projection du film "Le Nid". Salle pleine, on est venu nombreux pour voir ce film tant attendu.
Vous en parler c’est prendre le risque du parti-pris... tant pis. Pour ceux qui ne le savent pas, j’en suis de ce film ! La voix off de la bande son est la mienne ! Je n’en suis pas peu fiers, et remercie encore Antoine Boisselier et Kris Tong Viet de m’avoir fait confiance. Une superbe carte de visite pour moi qui cherche une reconversion, à laquelle je travaille, en utilisant le timbre de ma voix. 52 mn d’émotions croisées, entre belles images, hommages et prises de vue fulgurantes du Vol Libre sous toutes ses formes, cela vous laisse pantelant, étourdit par cet écran géant et le son "3D" ! Le DVD ? Il faut le demander à la Prod, c’est Seven Doc à Grenoble !

Un film d’Antoine Boisselier et de Christophe Tong Viet -
France – 2010 – 52’

Sont-ils cinq, dix, cinquante ou cent ? Hommes ou oiseaux ? Fous ou simplement passionnés ? Humains ou mutants ? Il était une fois Saint Hilaire du Touvet, village perché comme un nid d’aigle sur sa falaise… Il était une fois des enfants devenus grands qui voulaient vivre leurs rêves de mômes. Et quand on est petit par ici, on rêve de s’envoler…
Et lorsque l’on grandit, on décolle pour de vrai ! Au fil du temps, les habitants du plateau des Petite Roches, en Chartreuse, ont intégré le vol libre dans leur quotidien au point que certains en font une philosophie de vie. Le petit village est devenu la capitale mondiale du vol libre depuis la création de la Coupe Icare en 1974. Le film met en scène chaque saison de l’année à travers les activités aériennes.

Réalisateurs ascendant hommes-oiseaux

Antoine Boisselier

« Rien ne me prédestinait à pratiquer le vol libre. Personne dans ma famille ne pratiquait ce sport. C’est le spectacle qui s’est joué devant mes yeux de gosse qui m’a amené à voler. Ce n’est pas moi qui ai choisi le vol libre, mais le vol libre qui s’est imposé à moi, tout naturellement. »

L’apprentissage d’Antoine Boisselier (30 ans) s’est d’abord forgé par des heures et des heures d’observation passées au décollage Sud ou Nord de Saint Hilaire du Touvet, son village natal : « J’allais voir mes meilleurs copains voler jusqu’au jour où un moniteur, estimant que j’avais suffisamment usé mes fonds de pantalons sur les pelouses des décos, m’a lancé “Bon, maintenant, il est l’heure de passer aux travaux pratiques !” » Quelques mois plus tard, en 1995, Antoine décollait pour son premier vol solo en deltaplane.

Initié mais aussi inspiré par un grand frère de vol qui n’est autre que Richard Gallon devenu champion du monde de parapente en 1993, lui aussi natif de Saint Hilaire, Antoine fait le pas décisif vers ses premiers vols en parapente avec les frères de Richard en 1996 puis fait son entrée dans le monde de la compétition jusqu’à décrocher les plus belles places des podiums mondiaux de deltaplane. « La compétition m’a permis de voyager, voler vers d’autres horizons, mais je suis toujours très heureux de rentrer à Saint Hilaire. C’est l’un des seuls sites au monde où il est possible de décoller et d’atterrir au même endroit, à deux pas du village. C’est ce qui m’a permis de pouvoir voler tous les jours que les conditions le permettaient quand j’étais plus jeune. C’est un luxe incroyable pour qui aime voler ! »

Aujourd’hui, un peu rangé des compétitions, père de famille, Antoine aime savourer le vol, se régaler de beauté, partager sa passion, rigoler avec ses frères et sœurs oiseaux du team Blues. Deltaplane, parapente, speedflying, speedriding, soaring, snowkite, accro… tous les coups, tous les jeux sont permis au fil des saisons, au grès des humeurs d’Eole. « En fonction des saisons, le vol libre a différentes saveurs. La vie à Saint Hilaire est rythmée par les 4 saisons avec une parenthèse avant l’automne durant laquelle se déroule la Coupe Icare. » Un événement international qui fait vibrer tout le village (petits et grands) durant une semaine. Le vol libre, ici, est une culture partagée, un lien social qui unit pilotes ou simples spectateurs, ce film est le témoignage de cette émulation qui règne sur le plateau des Petites Roches et dans le ciel. « L’aventure n’est pas réservée aux seuls horizons lointains, elle peut être au-dessus de notre toit, à Saint Hilaire et un peu plus largement dans le cadre exceptionnel que nous offre le massif de la Chartreuse, pour peu de regarder avec les bons yeux. »

Le vol libre, c’est toute ta vie et aussi le sujet de tes films. Avantage ou inconvénient ?
Lorsque des images me viennent en tête, le gros avantage c’est que je peux les réaliser moi-même soit derrière la caméra soit devant. J’ai toujours était animé par la passion de l’image. Dès mes premiers vols en solitaire, j’embarquais un appareil photo puis ce fut une caméra… pourrie mais une caméra quand même ! En 1999, lors du tournage du film Red Blues, le réalisateur Guillaume Broust me lance en plein vol : « Prends la caméra ! Je vais faire un décrochage… », depuis ce jour, j’ai décidé de me lancer à fond dans la réalisation.

Quelles sont tes sources d’inspiration ?

En dehors de mes deux filles, je puise mes sources d’inspiration chez Dame Nature. Un coucher de soleil… voler avec des aigles au-dessus des nuages ou bien d’autres surprises encore sont des moments uniques que j’aime partager à travers mes films. En fait, je suis depuis tout jeune dans le récit de mes vols. Photographies, articles, films… tous les moyens sont bons pour partager ma passion.

Après les remarqués Flying babouches et Speedriding : attack à Powpowland, aujourd’hui tu réalises Le Nid avec Christophe Tong-Viet…

Le Nid, c’est le film de ma vie… Disons que cela ajoute de l’appréhension en plus ! Je souhaite en effet qu’il soit totalement juste, bien perçu par mes pairs et par la génération future d’oisillons qui est dans notre sillage. Il offre à la fois une ouverture, en dehors du parapente et du deltaplane, à de nouvelles disciplines qui permettent de pratiquer le vol libre non motorisé au fil des quatre saisons comme le snowkite, le speedriding, ou le base-jump mais également une découverte de l’esprit particulier qui règne sur le Plateau des Petites Roches. La pointe d’humour présente grâce au scène de fiction tournée avec les élèves de l’école primaire de Saint Hilaire crée une trame vivante et rythmée pour que ce film soit vu et apprécié par le plus grand nombre : les spécialistes d’abord, mais aussi et surtout les néophytes, qui j’espère se sentiront pousser des ailes après l’avoir vu !

Christophe Tong-Viet (30 ans)

Lorsqu’on vit dans les Charentes et que l’on veut connaître les sensations du vol, toute la difficulté réside dans l’art de trouver un spot de décollage. Trouver LE promontoire qui vous permettra de déployer votre aile pour vous envoyer en l’air. Kris a donc mis le cap sur la plus haute dune d’Europe : la dune de Pyla. « Là-bas, c’était le vol en parapente version vacances : short de plage, pieds nus. À Saint Hilaire, c’est le vol version boulot ! J’ai dû me former au vol en montagne. » Une formation version accélérée avec option vol du soir puisque Kris a installé son camp de base sur le plateau des Petites Roches juste après la coupe Icare de 2008. Quand il a rencontré Richard Gallon, le grand frère des Blues lors d’un Wagas festival à la dune du Pyla, il ne lui a pas vraiment laissé le choix : « Faut pas traîner ici ! Tu dois absolument connaître Saint Hilaire. » Même passion, même délires… la suite de l’histoire s’est écrite en fondu enchaîné. « Mon premier vol à Saint Hilaire, j’ai décollé du sommet de la Dent de Crolles pour un vol d’une heure et demie pour atterrir dans le jardin de Tonio (Antoine Boisselier). J’ai plié ma voile et suis passé directement au stand barbecue sur la terrasse : j’hallucinais ! » Tout comme il a halluciné quand il s’est aperçu un jour qu’à Saint Hilaire, on parlait le vol libre couramment dès 2 ans : « C’est le seul endroit où tu peux entendre les enfants dirent ”maman paraspeed”, ou “papa delta”. On peut aussi voir le médecin du village voler avec les jeunes ! »

Saint Hilaire, un site, un village atypique donc, où le vol libre s’est imposé de fait comme une culture de référence pour toutes les générations. Une culture dont chacun prend soin dans une belle dynamique collective, que l’on soit « du pays » et champion du monde comme Antoine Boisselier, ou « de Charentes » et simple homme volant comme Christophe Tong-Viet.