Accueil > Publications et Articles didactiques > Débuter le vol en thermique

Débuter le vol en thermique

jeudi 5 février 2015, par ppmenegoz

Pour accéder au vol en ascendance thermique, quels dangers nous guettent si nous nous y engageons inconsidérément ? Quels peuvent être les préalables qui vont nous protéger ?

Des risques ? Cela peut commencer au décollage. Les vols thermiques offrent une aérologie irrégulière au décollage. Un mauvais choix du créneau aérologique, une gestuelle de mise en Å“uvre de l’aile insuffisante et voilàun envol hasardeux.

Turbulences

Une fois en vol, les turbulences rendent nos trajectoires moins précises dans le plan vertical. Cela est valable pour tous. Toutefois les bons pilotes n’ont pas le moindre problème quant àla précision de leur cap, cela même dans les aérologies les plus dures. Cela n’est pas le cas pour un débutant que l’on peut surprendre àzigzaguer et qui, de plus, peut ne pas avoir l’expérience des effets du vent sur les trajectoires/sol (dérive). Il lui faut alors prendre des marges importantes par rapport au relief. Il pourra les réduire avec l’expérience, au fil des années.

Règles de priorité

S’il y a de nombreuses ailes en vol, que les conditions sont turbulentes… on peut craindre des maladresses dans l’anticipation des trajectoires et l’application des règles de priorités. On peut régler le problème en allant voler seul. Mais pour voler seul, sur un site sauvage, il faut beaucoup plus de maturité que ne peut l’offrir un jeune pilote. Pour les premiers vols thermiques, seul un pilote expérimenté peut faire une analyse aérologique validant votre décision de décoller.

Fermetures

Enfin, sans pilotage actif de la part du pilote, l’aile peut en arriver àse refermer. Sur ce point, avec une marge/sol raisonnable, les ailes de des classes A et B de la norme CEN nous protègent plutôt bien avec des retours au vol rapide. Mais celui qui compte là-dessus pour décider de son engagement est un fou ou n’a rien compris.

Abandonner

Bref, se faire peur est un moindre mal, car on peut imaginer pire…, l’abandon àterme de la pratique du vol en parapente. Pour éviter cela nous devons nous sentir sur les rails d’une progression construite et avisées. En voilàquelques éléments ci dessous.

Bagages techniques

 Ãªtre capable d’identifier les mouvements de « cabré  » et de « piqué  » ;
 Ãªtre capable d’amortir les mouvements de tangages et de contrer les mouvements de roulis ;
 posséder une bonne statique dans la sellette. Elle permet de résister aux déséquilibres que les turbulences voudraient infliger ànos trajectoires. De cette posture solide naissent les gestes précis qui contrent les effets des turbulences. On reste ainsi maître de ses caps et de ses initiatives ;
 savoir décoller et atterrir aisément permet d’avoir l’esprit disponible pour la nouveauté d’un premier vol en ascendance.

Bagages théoriques

 les effets des déséquilibres aérodynamiques sur la trajectoire (abatées, enfoncement, ressources, changements de caps…) ;
 connaître les principes des trajectoires àproximité du relief et donc des effets du vent sur les trajectoires/sol (dérive – marche en crabe). ;
 actions de pilotage en conditions turbulentes. Le « contre  » ou la maîtrise du cap et de manière associée « comment éviter les fermetures  » ;
 les règles de priorité.

Analyse aérologique et erreurs

L’analyse aérologique préalable àla décision de voler est certainement le point capital. Il est parfois possible de faire du vol en thermique avec un tout petit niveau technique, mais ai-je la capacité d’analyse d’évaluer l’aérologie qui m’est adaptée ? Ou bien vais-je m’engager par hasard sur cette piste verte ou sur cette piste noire ? Vais-je anticiper l’évolution des conditions en temps et en altitude ou bien vais-je débuter un vol sur une piste verte sans savoir qu’il se finira sur une piste noire. De facile àdifficile, c’est le degré de turbulence, l’ampleur des cisaillements qui fait la différence. Propices àen générer, voici quelques pièges que chacun se doit de prendre en compte avant de décider de son envol :

 degré d’instabilité (se méfier des gradients thermiques importants du genre isotherme 0° à2000m alors qu’il est attendu 25° en plaine à200m) ;
 association de vent fort àl’activité thermique (tant vent météo que brise de vallée) ;
 conditions de vent très fort àl’atterrissage alors que l’aérologie du décollage est avenante ;
 couche instable sous une inversion.

"Le grand challenge de l’apprentissage du vol en parapente est de gravir prudemment les échelons de l’aérologie sans jamais se retrouver dépassé par leur ampleur. Il y a des limites physiques au vol en parapente. Même les meilleurs pilotes n’aiment pas s’en rapprocher. Par contre, chaque pilote possède sa propre limite. Il doit avoir la maturité de la respecter." Pas facile ! On voit, parfois encore, de fortes personnalités qui font de leur pratique du vol un art de survivre pour acquérir, trop lentement hélas, cette maturité là…

Matériel

Connaître son aile. Avoir partagé avec elle toute la gamme des exercices qu’il est possible de faire pour la maîtrise des mouvements de roulis et de tangage. Pour accéder àdes catégories d’aile supérieures ou àdes ailes de plus petites tailles, systématiser une nouvelle progression technique et dans la hiérarchie des conditions aérologiques.

S’assurer des bons réglages de la sellette pour une posture de pilotage connue et éprouvée lors des exercices. Il en va de même dans la manière de prendre et régler la hauteur de pilotage de ses commandes.
Ne pas faire d’impasse sur l’emport d’un parachute de secours et réviser souvent la procédure de son utilisation. Faire des « poignées contact  » régulièrement pour inscrire la position de la poignée d’extraction dans le schéma corporel.

Penser às’équiper chaudement sans oublier les gants adéquats.

Comment faire

Essayez ! Mais essayez en sachant quelques trucs.

Tactique

Les virages étant moins performants que le vol droit, placez-les autant que possible dans les ascendances. En volant le long du relief, gérez la dérive que produit le vent sur vos trajectoires. Pour rester au cÅ“ur du thermique, sans une grande marge/relief, vous n’avez pas la possibilité d’entretenir vos virages sur 360°. En évoluant alors en 8, sans jamais tourner vers le relief ( !), tâchez alors de trouver deux pôles ascendants dans lesquels vous opérerez vos demi-tours.

Sachant cela, la première erreur consiste àtourner trop tôt, sans s’avancer suffisamment loin dans l’ascendance pour que l’ensemble du virage puisse s’y loger. Ainsi est il dit que vous avez le temps de compter jusqu’àtrois, 1, 2, 3 avant de d’amorcer le virage (côté vallée !).

Technique

Terrain accidenté, le vol en ascendance thermique s’exploite avec d’inévitables turbulences.

Entrée, sortie et vol thermique.

L’entrée dans l’ascendance occasionne souvent un mouvement de cabré de l’aile pendant lequel le pilote novice, crispé, ne doit pas être tenté de freiner. Par contre en réaction il peut s’ensuivre un mouvement de piqué que le pilote doit amortir.
Une fois dans l’ascendance il a intérêt àsensiblement ralentir l’aile. Il aura un meilleur taux de chute et prolongera le temps passé dans cet espace favorable. Il est alors impératif de veiller à, sans délai, reprendre progressivement de la vitesse dès qu’il est perçu que l’ascendance faiblie.

Il n’est pas souhaitable d’aborder la phase de sortie du thermique en étant lent. En effet, pénétrer une masse d’air descendante a pour effet de diminuer la vitesse relative de l’aile. Il ne s’agit donc pas d’ajouter àcela un régime de vol lent sous peine d’y risquer (dans l’extrême) le décrochage. En sortie de thermique, l’aile plonge parfois en une abattée qui doit être contenue. Dans l’enchaînement, le pilote a intérêt àreprendre autant de vitesse que possible pour regagner en manÅ“uvrabilité et pour quitter cette zone défavorable qu’est la « dégueulante  ».

Virage

Si au cours d’un virage vous sortez de l’ascendance, la perte de vitesse que cela occasionne sur votre aile, la rend moins manœuvrante. Elle tend àse remettre àplat ou tout au moins àélargir le rayon de son virage. Dans cette situation, si vous chercher àresserrer le virage exagérément, il y a un risque de vrille.